Voici maintenant presque quinze
ans qu’apparaissait en France le concept de «réduction
des risques», porté à l’époque
essentiellement par les associations de lutte contre le sida ou
humanitaires comme Médecins du Monde, mais aussi par quelques
acteurs de la lutte contre la « toxicomanie », car les
uns et les autres se retrouvaient face à l’inacceptable
: la pandémie de sida dans la population des usagers de drogues
en France, avec ses drames humains, pandémie d’autant
plus inacceptable qu’elle ne se retrouvait pas chez nos voisins
européens, du moins nos voisins du nord.
Quinze ans, c’est aussi l’époque où apparaissait
ASUD, la première association d’usagers de drogues
qui revendiquaient leur citoyenneté, et c’était
bien à la citoyenneté des usagers et aux responsabilités
afférentes que l’on devait faire appel pour que la
politique de réduction des risques fonctionne et soit un
succès.
En quinze ans, quel chemin parcouru ! Les récentes enquêtes
de SAFE et de l’AFR ont montré la richesse et la diversité
des dispositifs et des réponses mis à dispositions
des usagers de drogues.
Mais, surtout, les résultats obtenus par cette politique
: baisse de 80% de la mortalité par overdose, le très
fort ralentissement de la transmission du Vih (de 37% à moins
de 4%) représente sans doute le plus grand succès
français de santé publique, ces vingt dernières
années.
Il ne manquait que la reconnaissance officielle de la politique
de réduction des risques, ce qui est fait aujourd’hui
avec son inscription dans la loi de santé publique, le décret
y afférant, ainsi que la mise en place des Centres d’Accueil
et d’Accompagnement à la Réduction des risques
pour les Usagers de Drogues…
Si le dispositif fut riche et divers, il fut aussi polémique,
surtout entre le secteur associatif militant issu de la lutte contre
le sida et le secteur professionnel, chacun gardant sa «paroisse»,
armé de sa légitimité historique ou intellectuelle.
Ce fut entre autre l’ANIT et l’AFR qui firent le premier
pas ensemble, estimant qu’au-delà des querelles de
légitimité et de certains désaccords de fonds,
la mise en commun de nos savoirs et de nos savoir-faire, la réflexion
sur nos questionnements communs ne pouvaient qu’enrichir le
concept de réduction des risques.
Les journées de l’ANIT à Narbonne en juin 2004
furent un moment important puisque AIDES et l’AFR furent invités
lors d’une table ronde à parler de leur histoire, de
leurs trajectoires personnelles dans la politique de réduction
des risques.
C’est dans ce cadre et dans cet esprit, afin de renouveler
l'alliance entre tous les acteurs, qu'ils soient issus de l'auto-support,
de la lutte contre le sida ou du soin aux usagers de drogues, de
mutualiser toutes nos expériences acquises cette dernière
décennie et réfléchir ensemble sur les futures
politiques que l’AFR organise les 1ères Rencontres
Nationales de la Réduction des Risques.
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